Escapade à Lille et Roubaix : sept bonnes raisons de les (re) découvrir

Balade dans le Nord-Pas de Calais, une région hier dévastée par la crise industrielle, aujourd'hui symbole d'un vrai renouveau urbanistique et culturel. Lille : plus arty que jamais, Roubaix : un patrimoine revisité

 

Reportage Marianne Lohse ©

 

Lille, Grand place, photo Claire Vuillemin ©




Lille : plus arty que jamais
 

Le TGV a fait de Lille, à soixante minutes de Paris, quatre vingt minutes de Londres et trente cinq minutes de Bruxelles un carrefour européen. Des expositions remarquables s'y succèdent, de nombreuses friches y sont réhabilitées. Quant au Vieux-Lille, il est devenu l'épicentre de la mode, de la gastronomie… et du tourisme. Boostée par son statut de capitale culturelle en 2004, la capitale du Nord n'a pas fini de faire parler d'elle. Toute la Métropole participe à ce renouveau.
 

1- "Sésostris III, pharaon de légende", au Palais des Beaux-Arts (jusqu'au 25 janvier 2015).Pour Hérodote, c'est une figure de légende et pourtant ce souverain du Moyen Empire (vers 1872-1854 av JC) est bien moins connu que Toutankhamon ou Ramsès II. Ambitieux, conquérant, novateur, Sésostris a puissamment inspiré ses successeurs. Il n'avait jusqu'alors fait l'objet d'aucune exposition. 300 œuvres dont plusieurs prêts des plus grands musées internationaux permettent d'admirer les richesses artistiques d'une époque considérée comme un âge d'or de l'Egypte ancienne, des bustes du pharaon à la nécropole de Deir el-Bersha. Superbes, spectaculaires, les sculptures et installations de deux artistes contemporains, Wolfgang Laib et Antony Gormley, dans l'atrium du musée évoquent le transport des âmes vers l'au-delà. Place de la République. Tel: 03 20 06 78 00 www.pha-lille.fr

 

Photo : John Lamberton.The Nelson-Atkins Museum of Art


 

2- La Gare Saint-Sauveur. Une ancienne gare de marchandises dont les deux halls sont devenus un agréable bistrot, le Saint So, un cinéma et des salles d'expositions dédiées à l'art contemporain. Rien de tel pour humer l'atmosphère, éclectique et fantasque de la ville. Réhabilitée en 2009, la Gare héberge des associations culturelles qui proposent une cascade d'événements tout au long de l'année. A tester, sans hésiter: l'Hôtel Europa animé par le collectif Metalu A Chahuter. Quatre chambres au décor déjanté peuvent y être louées gratuitement pour trente minutes ou une heure. Bvd Jean- Baptiste Lebas. Tel : 03 28 52 3000. www.lille3000.eu

 

Gare Saint-Sauveur: Photo Laurent Ghesquière
 

3-Passions secrètes. Collections privées flamandes au Tri Postal. Jusqu'au 4 janvier 2015. Initialement utilisé comme son nom l'indique pour le tri du courrier, ce bâtiment (6.000m²) est un exemple de réhabilitation très réussi. On y a déjà vu des collections privées d'art contemporain(les trésors de la Fondation Pinault ou ceux de la Saatchi Gallery). Cette fois, la commissaire Caroline David a construit avec 18 collectionneurs flamands vivant pour la plupart dans les alentours de Courtrai, un parcours thématique, époustouflant panorama en 140 oeuvres de la création artistique des années 70 à aujourd'hui. Les stars actuelles, Anselme Kiefer, Paul Mc Carthy, Wim Delvoye y côtoient les grandes figures que sont Joseph Beuys ou Louise Bourgeois. Gautier Deblonde a eu la chance, le temps de quelques clichés, de pénétrer chez ces passionnés. Av Willy Brandt. Tel : 03 20 14 47 60 www.lille3000.eu

 

Trophy 1999 par Wim Delvoye

Maxime Dufour photographies


 

4-Le Vieux-Lille. On flâne agréablement, nez en l'air, dans les petites rues pavées du quartier historique en se souvenant que Lille, avant d'appartenir à Louis XIV, a tour à tour été flamande, espagnole et autrichienne. Le Palais Rihour, la Vieille Bourse, Notre-Dame de La Treille, les vastes demeures bourgeoises à pignons des 17ème et 18éme siècle méritent le détour. Convoité par les bobos (les prix y flambent) le Vieux-Lille n'a pour l'instant, rien perdu de son charme.

 

Notre-Dame de La Treille, photo Maxime Dufour

Façade de la Vieille Bourse, photo Claire Vuillemin
 

Roubaix : un patrimoine revisité


On y va en prenant le Mongy, un tramway inauguré en décembre 1909, avec le percement du Grand Boulevard. Le «Mongy » ainsi appelé familièrement par ses usagers, a été lancé par l'ingénieur Alfred Mongy (sa compagnie fut l'ancêtre de l'actuel Transpole). De la splendeur passée de Roubaix, capitale mondiale du textile au XIXème siècle, il reste, sur ce parcours, quelques somptueuses demeures. Les usines ont fermé dés 1975. Les dernières cheminées encore debout, vestiges d'un formidable patrimoine industriel, sont toutes protégées, témoin celle de l'ancienne filature Motte-Bossut qui abrite les Archives nationales du Monde du travail. Aujourd'hui, la distribution a remplacé l'industrie. Roubaix se réinvente, avec le désir de soutenir la création et en premier lieu, bien sûr, la création textile.

 
5-Le Vestiaire. Lille et Roubaix offrent des aides personnalisées à de jeunes créateurs, pour mieux faire connaitre leur griffe et redynamiser certains quartiers. Crées en 2007, ces Maisons de Mode attirent de plus en plus de fashionistas, tel Le Vestiaire, un vaste espace aux allures de loft jouxtant La Piscine. Véritable pépinière de talents, il abrite des boutiques- ateliers et des pop-up (boutiques éphémères).Vêtements, bijoux, maroquinerie: l'imagination est au rendez- vous. 27 rue de l'Espérance. Tel : 03 20 99 91 20. www.maisonsdemode.com

 

Photo A Loubry


 

6-La Piscine. Cette sublime piscine municipale Art Déco, véritable temple consacré au corps, à l'hygiène et au sport conçu par l'architecte Albert Baert, fonctionnait encore en 1985.Jugée insalubre, elle ferme ses portes pour les rouvrir en 2001, reconvertie par Jean-Paul Phillipon en Musée d'Art et de l'Industrie. Verrières en éventail symbolisant le soleil levant et le soleil couchant, pontons de bois longeant le bassin transformé en jardin de sculptures, monumental portique polychrome, cabines aménagées en cabinets de curiosités : on ne sait où donner du regard. Une exceptionnelle tissuthèque, une collection Beaux-Arts essentiellement orientée vers les XIXème et XXème siècle constituent un passionnant parcours.

 

Photo A Leprince

 

 

La Piscine qui possède le buste « La petite Châtelaine» de Camille Claudel, acquis en 1996, consacre à l'artiste une exposition éblouissante, à l'occasion des 150 ans de sa naissance: «Camille Claudel, au miroir d'un art nouveau».Jusqu'au 8 février 2015. 23 rue de l'Espérance. Tel : 03 20 69 23 60 www.roubaix-lapiscine.com

 

Photo A Loubry
 

 

7-La Manufacture des Flandres. Lieu de mémoire dédié à l'industrie textile, ce musée- atelier présente l'évolution du tissage, du métier à bras au métier assisté par ordinateur. Dans le bruit d'une quinzaine de machines en état de fonctionnement, on revit l'épopée du Manchester français. C'est à la Manufacture qu'ont été créés, en décembre, les corps d'une armée de poilus de laine réalisée par 500 tricoteuses du monde entier pour l'installation »Wool War One». A voir, sur une idée de la plasticienne Anna dite Délit Maille, au premier étage de La Piscine, jusqu'au 12 avril 2015.25 rue de La Prudence. Tel: 03 20 20 98 92
 

La Manufacture, photo A. Loubry

 

Pratique

www.tourisme-nordpasdecalais.fr et www.sncf.fr
 

Se loger
 

Novotel Lille Centre Gares. Idéalement situé, à deux minutes de la gare Lille Flandres, du Palais des Congrès et d'Euralille. 96 chambres dont 5 suites. On aime la déco discrètement contemporaine et le confort impeccable, conforme à ce que l'on attend d'un 4 étoiles. Restauration à toute heure au Novotel Café. 49 rue de Tournai. Tel : 03 28 38 67 00.
 

Se restaurer
 

Le Bistrot de Saint So. Dans le hall A de la gare Saint Sauveur, l'un des lieux favoris des Lillois, pour son ambiance décontractée, son grand choix de bières et ses prix raisonnables. Agréables pièces du boucher et crème de speculoos maison.17 Bvd Jean- Baptiste Lebas, Lille Tel : 03 20 32 05 42


Le Rouge Barre. Demi- finaliste de Top Chef 2014, Steven Ramon a ouvert un tout nouveau restaurant dans le Vieux Lille (son nom évoque les maisons de briques rouges du Nord barrées d'une épaisse barre de craie). On l'attendait au tournant, il fait un tabac avec des produits simples aux associations surprenantes: tourteau- pomme verte, rougets grondins – cocos de Paimpol. L'élégance du cadre, l'open kitchen, la dizaine de vins servis au verre contribuent au succès de cet établissement déjà très tendance. 50 rue de la Halle, Lille.Tel : 03 20 67 08 84.


Baraka. Ce lieu dont le nom signifie chance en arabe, concrétise depuis 2012 le rêve un peu fou de trois Roubaisiens : construire dans le quartier défavorisé de l'Epeule un bâtiment exemplaire (structure de bois, toiture végétalisée, chauffage inexistant) pour abriter un restaurant type café citoyen. Les recettes permettront de créer des emplois pour des personnes en réinsertion. Ouvert à tous, Baraka se veut, aussi, un pôle de rencontres « pour vivre ensemble».Cette coopérative a été portée par une centaine de sociétaires issus pour la plupart du tissu associatif. La réussite, incontestable, doit beaucoup à une cuisine gouteuse: on y privilégie le bio sans pour autant oublier les solides plats régionaux.20 rue de Sébastopol Roubaix. Tel : 03 20 65 74 14

 

Baraka

 

Marianne Lohse
 

Créé le : 15/12/2014 - Mise à jour : 16/12/2014
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