Escapade en Bourgogne dans l'Yonne insoupçonnée. Deuxième étape : Saint Sauveur en Puisaye, chez Colette

Saint Sauveur en Puisaye a bien oublié ses ressentiments envers Colette qui, comme sa mère, s'est longtemps moquée de ses concitoyens, elle, l"affranchie" :qui n'avait pas la langue ni la plume, dans sa poche... : pas moins de deux musées et une rue lui sont aujourd'hui consacrés. Descendant du Château qui abrite le Musée Colette (souvenirs de son appartement du Palais Royal à Paris), le visiteur descend la rue Colette jusqu'au n° 8, maison natale de l'écrivaine, restaurée et meublée avec soin, histoire de retrouver l'atmosphère qu'elle a connue enfant.

 

Visite (texte et photos ©) : Guy Riboreau

 

 

 

" La maison était grande, coiffée d'un grenier haut. La pente raide de la rue obligeait les écuries et les remises, les poulaillers, la buanderie, la laiterie, à se blottir en contrebas autour d'une cour fermée ; (...)  La façade principale, sur la rue de l'Hospice, était une façade à perron double, noircie à grandes fenêtres et sans grâces, une maison bourgeoise de vieux village..." (Colette, "La Maison de Claudine", 1922).

 

Sa maison,  ouverte au public depuis la mi-mai 2016, Colette la reconnaitrait sans doute tant l'Association de la Maison de Colette a voulu reconstituer dans le moindre détail le décor  qu'elle a connu enfant.

 

Disposition des pièces, meubles, papiers peints, bibelots, couleur de la façade, plantes du jardin, les écrits de Colette ont fourni les précieux détails. Il a fallu trouver les entreprises maîtrisant les techniques anciennes (pour les papiers peints notamment), racheter les meubles et luminaires manquants... 20% des objets sont d'origine. Un gigantesque travail qui permet désormais, écrits en main, de se plonger dans l'univers très particulier de la famille Colette.

 

Car avant d'être le nom en forme de prénom d'une auteure à succès, comédienne,  mime, danseuse rédactrice de scénarios, journaliste, le nom est celui de son père, le capitaine Jules Colette, officier de spahis qui perdit sa jambe gauche à la guerre, en Italie, arrachée par un boulet de canon.

 

 

 

 Dans le bureau-bibliothèque du capitaine Colette au 1er étage, sa table de travail

 

 

Le capitaine s'était reconverti dans la perception des finances publiques. locales. C'était le second mari de d'Adèle Sidonie Landoy dite Sido, une maîtresse  femme née à Paris mais ayant passé une partie de son enfance son enfance en Belgique où elle fréquentait avec son frère les milieux intellectuels,de Bruxelles.

 

Sido était devenue veuve après avoir eu deux enfants, Juliette et Achille,,de son premier mariage malheureux avec un riche propriétaire terrien bourguigon (mais déséquilibré et doublé d'un ivrogne), Jules Robineau-Duclos qui possédait la maison de Saint-Sauveur en-Puisaye. .  

Le capitaine aura deux enfants de Sido :, Léopold et la petite dernière, née en 1873 et, prénommée Sidonie-Gabrielle.

 

Sido

 

 

 

 

La petite Sidonie-Gabrielle avait sa chambre dans une mansarde au dessus de la porte cochère ouvrant sur la cour et les "communs". On voit cette porte à droite de la photo de la façade de la maison. Au dessus du porche, se distingue la petite fenêtre qui donne sur la rue, seule ouverture sur l'extérieur.  

 

Cette chambre a été fidélement reconstituée à partir des descriptions que Colette elle-même en a faites.

 

 

La chambre de Colette enfant

 

De même le reste du décor de la maison a été fidèlement reconstitué :

 

La petite salle à manger

 

Le salon et son piano sur lequel Colette a appris à jouer

 

La chambre des parents contigüe au salon

 

Au 2è étage la chambre de Juliette, la demi-soeur, qui deviendra celle de Colette adolescente

 

Au 2é étage se trouve également la chambre des garçons reconvertie en lieu d'exposition de photos et d'objets.

 

La restauration du jardin a fait l'objet d'une attention toute particulière. Il a fallu recenser toutes les indications de Colette sur l'emplacement des plantes et leur nature.

 

La maison vue du jardin

 

Les végétaux ont été replantés à l'identique en tenant compte des descriptions de l'écrivaine.

 

 

En contrebas du jardin se trouvaient la cour intérieure,  la grange et un potager placé juste derrière les ecuries.

 

Le potager

 

"Accoudée au mur du jardin, je pouvais gratter du doigt le toit du poulailler. Le jardin-du-haut commandait un jardin-du-bas, potager resserré et chaud, consacré à l'aubergine et au piment, où l'odeur du feuillage de la tomate se mêlait, en juin, au parfum de l'abricot mûri sur espaliers."  (Colette, "La Maison de Claudine", 1922).

 

Donnant sur une rue parallèle, la rue des Vignes, une immense et très vieille glycine qu'a connue Colette a déformé la clôture.

 

 

 

"Une forte grille de clôture, au fond, en bordures de la rue des Vignes, eut dû défendre les deux jardins ; mais je n'ai jamais connu cette grille que tordue, arrachée au ciment de son mur, emportée et brandie en l'air par les bras invincibles d'une glycine centenaire... " (Colette, "La Maison de Claudine", 1922).

 

En face de la maison, de l'autre côté de la rue, un autre jardin le "jardin d'en face " lui aussi restauré.

 

 

 

C'est Sido qui aura fait découvrir à sa fille le nom des plantes, la nécessité de préserver l'environnement, le respect de la nature.

 

"Ma maison.../... reste pour moi ce qu'elle fut toujours : une relique, un terrier, une citadelle, le musée de ma jeunesse " (Colette, "La retraite sentimentale, 1907).

 

Colette aura passé les 18 premières années de sa vie dans cette maison bourgeoise. Mais les difficultés financières de la famille l'obligent à la quitter  pour la louer et en 1891 elle s'installe dans le Loiret.

 

La jeune Colette n'y restera pas longtemps : son mariage avec Henry Gauthier-Willars en 1893 l'amène à Paris. Une nouvelle vie commence, pleine d'aventures et de rebondissements.

 

Colette ne retournera à Saint-Sauveur qu'en 1927 avec son troisème mari, Maurice Goudeket. Entre temps , elle aura eu une fille de son deuxième mari, Henri de Jouvenel (épousé fin 1912) :  Colette de Jouvenel, dite Bel Gazou, née en 1913. Son seul enfant.. 

 

La maison, quant à elle, était devenue propriété du demi-frère, Achille Robineau-Duclos. Elle  restera longtemps en location avant dêtre vendue à un soyeux lyonnais,,Francis Ducharne, admirateur de Colette. Il lui donnera l'usufruit de la maison qui sera ensuite rachetée par la famille Muesser.

 

Longtemps inoccupée, elle fut mise en vente en décembre 2006. C'est la mobilisation de la Société des amis de Colette qui a permis de sauver ce patrimoine.

 

Création en 2010 de l'association La Maison de Colette,, recherche des fonds nécessaires à son acquisition et à sa rénovation, puis l'acquisition en 2011 avec inscription du lieu à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques...

 

Mais l'aventure continue avec un projet culturel ambitieux :

 

  • centre d'archives dans les combles,
  • festivals : "écrits de femmes", "corps de scène",, "ecrits de femmes"
  • journées du goût,
  • projets éducatifs pour les scolaires
  • conférences, lectures, projections...

 

 

Frédéric Maget

 

Claire en France a eu la chance, grâce à Yonne Tourisme,, de visiter la Maison de Colette avec son directeur Frédéric Maget, président de la Société des amis de Colette, enseignant et auteur d'ouvrages sur Colette.

 

Sa connaisance encyclopédique de tout ce qui touche à la vie et aux écrits de Colette en ont fait un guide précieux lors de cette visite. Qu'il en soit remercié.

 

 

La Maison de Colette.

8-10, rue Colette, 89520 Saint-Sauveur-en-Puisaye

Tél. 03-86-45-66-20

 

maisondecolette.fr/

contact@maisondecolette.fr

 

Château Musée Colette

Tél 03 86 45 61 95

www.musee-colette.com

 

Les amis de Colette

http://www.amisdecolette.fr/

 

Yonne Tourisme 

www.tourisme-yonne.com

Créé le : 23/08/2016 - Mise à jour : 13/09/2016
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