La Normandie et ses jardins

La Normandie est depuis très longtemps une terre de jardins. La Seine-Maritime en particulier. Sans doute grâce à deux domaines qui ont fait école et dont le grand public connait les noms depuis plus de 40 ans. Ces deux lieux ont émergé de l'anonymat à la faveur de circonstances historiques.

 

Texte et photos Georges Lévêque ©

 

Le Bois des Moutiers


D'abord le Bois des Moutiers. Mary Mallet qui en a la charge décide par générosité d'ouvrir sa porte vers 1965. Nous sommes à Varengeville-sur-Mer, sur la Côte d'Opale à une dizaine de kilomètres de Dieppe. On surplombe la mer du haut des falaises. Guillaume Mallet son beau-père, fervent admirateur des grands parcs britanniques des Devon et Cornwall, achète un peu avant 1900 quelques hectares de terre impropres à l'agriculture pour voir ce qu'il saura en faire. L'homme a de solides moyens financiers et l'entregent nécessaire pour décider le jeune Edwin Lutyens à venir lui bâtir un manoir « Art & Craft », style alors très en vogue en Angleterre. Edwin a coutume de travailler avec une excellente jardinière déjà bien connue. C'est Gertrude Jekyll. Son nom a traversé le 20ème siècle et elle est restée une référence. Le duo s'accorde avec les Mallet. On place un jardin de sous-bois à l'anglaise comme c'est la mode. Cent vingt ans plus tard, c'est à dire aujourd'hui, les rhododendrons plantés par centaines hauts comme trois pommes sont devenus des arbres de 5 à 8 mètres porteurs de nuages de fleurs blanches, roses, rouges, mauves, selon les espèces et les variétés.

Le Bois des Moutiers n'a cessé d'être une destination de rêve depuis. Et pour tout le monde, qu'on soit jardinier ou simple promeneur. On reste bouché bée devant la puissance des plantations faites sur ce vallon qui descend vers la mer. http://www.boisdesmoutiers.com

 

 

 

Vasterival

 


Pendant que Mary Mallet fait portes ouvertes, s'installe sur la commune voisine de Sainte-Marguerite-sur-Mer un couple qui vingt ans plus tard va devenir une référence dans le monde des jardins : le prince et la princesse Sturdza. Lui est agriculteur et élève des bêtes. Il offre à son épouse Greta des volumes incroyables de fumier qui, avec les feuilles mortes méticuleusement ramassées sur la propriété, va constituer un amendement décisif. Greta Sturdza est une femme du monde. Elle a énormément voyagé avant de s'atteler à l'oeuvre de sa vie : le jardin Vasterival (nom emprunté au lieu-dit qui le reçoit). Le jardin commence petit autour de la maison, petite aussi et un temps propriété du musicien Albert Roussel. Au fur et à mesure que les Sturdza défrichent les quelques dix hectares que couvrent à ce jour le jardin, Greta découvre un vallonnement insoupçonné et de l'humidité dans les fonds, là où les fougères font maintenant de fort élégants massifs. Elle aussi a connu des jardiniers anglais qui lui éduquent le regard et lui enseignent les pourquoi et les comment de la vie des plantes. Lionel Fortescue, jardinier connu et respecté du Devon est son mentor. Elle en aura beaucoup d'autres. Greta est décédée il y a quelques années en ayant assuré la pérennité du jardin. On voit de tout à Vasterival, la végétation est merveilleusement orchestrée. Ce jardin se veut « sans période creuses ». Il y a du spectacle douze mois par an, des floraisons et du charme. Greta Sturdza avait les talents d'un magicien. Cela se voit encore. Les conditions de visite ont été assouplies. Réservations possibles par Internet : https://www.vasterival.fr

 

 


Ces deux domaines ont éveillé la curiosité du monde horticole. Avec l'art des jardins devenu une mode dans les années 70 et 80, les visiteurs se sont faits plus nombreux. Les vocations de jardiniers tout autant. Lorsque les pouvoirs publics (Conseil Général de la Seine-Maritime surtout) apportent aide matérielle et soutien publicitaire, les bonnes adresses se découvrent. Qui n'a connu en son temps les beautés des jardins Agapanthe, Angélique, Bosmelet ! En 2015, de nouveaux jardins ou d'anciens rénovés servent d'arguments au CDT76 pour encourager le tourisme vert.

 

 

 

Martainville

 

Le château musée de Martainville
C'est le plus jeune des jardins présentés puisque ses dernières plantations datent de l'an passé. Elles seront complétées prochainement par des palissades en clôture faites de charmes plantés en quinconce. C'est Thierry Hay de la direction de la culture et du patrimoine qui veille sur le nouveau né. Plus tard il y aura des gloriettes toujours en charme, hauteur trois mètres. Le château musée date du 15ème siècle. D'anciens jardins ont existé au 18ème. On les a laissé péricliter au siècle suivant. La vogue actuelle pour les jardins est le déclencheur du renouveau. Pour s'adapter au site, on lui offre une trame classique Renaissance de jeux de formes géométriques fort plaisantes remplies de végétation contemporaine, des scènes de graminées en particulier.
76116 Martainville-Epreville, 02 35 23 44 70, http://www.chateaudemartainville.fr 

 

 

 

Clères

 

Le parc animalier de Clères
Au coeur d'un village exquis, un immense parc blotti autour d'un château très ancien. Les Béarn qui l'ont habité au 18ème siècle ont commissionné les bons paysagistes de leur temps. On le voit aux arbres immenses et âgés qui le peuplent par endroits. En 1919, l'ornithologue et botaniste Jean Delacour achète l'endroit. Sa fortune et ses travaux lui permettent d'introduire des collections animales et végétales sans équivalence dans la région. Après une période creuse, le jardin a réaménagé ses plates-bandes pour les conduire à des standards internationaux et a su conserver une faune qui séduit les familles. C'est l'endroit parfait pour passer une journée au calme, dans le rêve absolu.
76690 Clères, 02 35 33 23 08   www.parcdecleres.net

 

Martine Lemonnier à Bellevue

 

Le jardin collection de Bellevue
Martine et Francis Lemonnier ont fait la connaissance des végétaux par le dessin puisque Martine était dans sa jeunesse une aquarelliste distinguée. On les a connu il y a une trentaine d'années quand ils organisaient des journées autour des Meconopsis et des Hellébores, les premières vedettes de leur jeune pépinière. Ils ont aussi planté les arbres et les arbustes qui étaient censés devenir des monstres sacrés. De fait leurs collections de Prunus, Betula, Nothofagus, Viburnum, Cornus, Taxodium et mille autres vedettes sont maintenant d'une haute valeur. On gagne à suivre leurs visites guidées pour connaître les caractéristiques de ce que l'on admire. La vue panoramique sur le Pays de Bray dont on profite depuis leur maison est un intérêt supplémentaire.
Jardins de Bellevue, 76850 Beaumont-le-Hareng, 02 35 33 31 37
http://jardin-de-bellevue.e-monsite.com

 

 

 

Miromesnil

 

Le potager du château de Miromesnil
Guy de Maupassant est né en ce lieu en 1850 et y passa les trois premières années de sa vie car ses parents avaient loué le château. Mais si l'on visite le domaine c'est bien sûr pour le château que trois générations de Vogüé ont restauré et pour le parc avec un célèbre potager de plus en plus beau au fil des années. Nathalie Romatet, la petite-fille, a ouvert la maison aux chambres d'hôtes et l'on se réveille le matin le nez dans les fleurs et les fruits et légumes du jardin. Bonne adresse à tous égards. Histoire, élégance, botanique, décontraction (Nathalie est un clown merveilleux !), savoir-faire, connaissance des jardins, tous les éléments sont réunis pour le bonheur d'un week-end.
76550 Tourville-sur-Arques, 02 35 85 02 80 http://chateaumiromesnil.com

 

 

Mesnil-Geoffroy

 

La roseraie du château de Mesnil-Geoffroy
Un potager à l'ancienne, tout en courbes romantiques et légumes de choix, est venu compléter la roseraie immense et le jardin classique qui faisaient un riche ordinaire jusqu'alors. Jardins d'iris aussi et de dahlias, selon les saisons. Une plongée inouïe dans le 18ème siècle dont la princesse Anne-Marie Kayali est spécialiste.
76740 Ermenouville, 02 35 57 12 77 http://www.chateau-mesnil-geoffroy.com

 

 

Veules-les-roses

 

Le village jardin de Veules-les-Roses
Village de bord de mer sur les deux rives de la Veules, cours d'eau de 1,2 km né de sources communales, ce qui en fait le fleuve côtier le plus court de France. On y a compté des moulins dans le passé et des cultures de cresson. Le village vit de tourisme désormais tant il est coquet. Les roses qui couvrent murs et clôtures lui apportent une réelle plus-value. Restaurations et hôtellerie à la mesure de ce lieu de détente en bord de mer. Visites guidées :
http://www.plateaudecauxmaritime.com/xit_avoir/visite-commentee-du-plus-petit-fleuve-de-france/

Pour dormir et se régaler selon les budgets :   seine-maritime-tourisme.com

 

Créé le : 28/06/2015 - Mise à jour : 02/07/2015
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