Jean de La Fontaine en sa maison-musée de Château-Thierry

Au moment où s'ouvre au Scriptorial d'Avranches une exposition consacrée aux nombreuses illustrations des Fables de La Fontaine (du 8 octobre au 31 décembre 2011), Claire en France vous emmène visiter sa maison natale à Château-Thierry.  Ici est né Jean de la Fontaine le 8 juillet 1621, dans l'hôtel particulier de ses parents, Charles de La Fontaine et Françoise Pidoux. La maison sur  trois niveaux et une cave dispose d'une petite cour, côté rue, d'un jardin, et de petits bâtiments ayant servi de "communs". Le tout a été superbement restauré, meublé, et le visiteur a l'impression d'avoir rendez-vous avec le célèbre fabuliste, mais aussi romancier, auteur de pièces de théâtre, de pamphlets, de livrets d'opéra...

Visite en compagnie de Christiane Sinnig-Haas,  conservateur de ce Musée Jean de La Fontaine.

 

 

Reportage (texte et photos) : Guy Riboreau ©

 

On entre par la grille de la cour qui a remplacé un porche détruit lorsqu'il s'est agit d'agrandir la rue naturellement nommée aujourd'hui du nom de l'écrivain.

 

 

Elégant perron double; à droite du perron, une aile jadis accessible par une petite tour, où Jean de La Fontaine avait son cabinet de travail que l'on visite encore aujourd'hui; à gauche le puits et les "communs".

 

  

 

Sur la façade principale, des fleurs de lys au-dessus de l'entrée et les trois croissants entrelacés de Diane de Poitiers dont on se demande ce qui a poussé la famille La Fontaine à les arborer sur sa maison.

 

 

Lorsque Jean nait, Charles, son père, est Conseiller du Roi et Maître des Eaux et Forêts du duché de Chaury » (abréviation usitée au 17è siècle pour Château-Thierry). Il est aussi capitaine des chasses, des charges que Jean reprendra à son compte plus tard. Après des études à Château-Thierry, à 20 ans, le fils entre à l'Oratoire, rue Saint Honoré à Paris, qu'il quitte au bout de 18 mois, peu fait semble-t-il pour la vie religieuse. Il préfère de beaucoup flâner dans le jardin paternel ou dans les forêts aux alentours de sa ville natale et noter ce qu'il voit et ressent autour de lui. Sans être dissolue, sa vie est alors plutôt frivole. Mais il est sensible à la poésie des odes de Malherbe et s'en va déclamant des vers dans les bois.

Retour à Paris pour des études de droit en 1646. La Fontaine devient avocat en 1649 et il fréquente des groupes de jeunes poètes. Entre temps, il s'est marié avec une demoiselle de La Ferté-Milon, cousine de Racine, Marie Héricart, qui lui donnera un fils, Charles. Une union peu heureuse qui les aménera à se séparer en 1659.

La Fontaine voue une grande admiration au surintendant Fouquet. Il lui dédie un poème "Adonis", puis un récit poètique "Le songe de Vaux". Il sera de la fête trop somptueuse donnée par Fouquet en son château en 1661. Fête qui vaudra, on le sait, la disgrâce du surintendant et son emprisonnement sur ordre de Louis XIV...

 Les premiers "Contes et nouvelles en vers" sont publiés de 1664 à 1666 puis, en 1668  124 "Fables choisies mises en vers" dédiées au Dauphin. La Fontaine écrit beaucoup. Il est logé à Paris chez Madame de La Sablière qui tient salon en son hôtel de la rue Neuve-des-Petits-Champs. Madame de Montespan le tient en grande estime et le protège. Il en bien besoin quand il publie en 1674 ses "Nouveaux contes de Monsieur de La Fontaine", contes jugés licencieux et interdits à la vente...

En 1676, La Fontaine vend sa maison natale à un gentilhomme de la Grande Vénerie du roi, Antoine Pintrel.

 

Le musée côté jardin

Château-Thierry au 17è slècle

 

 

La maison des La Fontaine a été transformée en musée deux cents ans plus tard, en 1876. Mais c'est seulement en 2008 qu'avec le concours de l'Etat, la bâtisse, classée monument historique, a pu faire l'objet d'un ambitieux plan de restauration. Celui-ci est presque totalement achevé et le visiteur se retrouve plongé successivement dans les couloirs de la maison, puis dans une salle du XVIIè siècle où le portrait du fabuliste par Hyacinthe Rigaud trône en bonne place au dessus d'un meuble renfermant l'acte de baptême du poète.

 

 

 

Manuscrits dans les vitrines, éditions anciennes des fables, reproductions ultérieures classées dans une bibliothèque à faire damner un collectionneur de livres rares... la visite peut prendre des heures si l'on s'intéresse au processus de création d'une oeuvre considérable et à l'impact qu'elle a laissé dans l'imaginaire collectif..

 

"Le renard et les monstres"

 

 

 

Le petit salon est consacré aux charmants contes libertins qui furent censurés et que La Fontaine a renié à la fin de sa vie...

 

 

Le petit salon XVIIIè

 

 

 

 

Toujours au rez-de-chaussée, un espace est consacré aux expositions temporaires d'artistes ayant illustré tout ou partie des célèbres fables.

 

 

"Le rat retiré du monde"  par A. Gabriel Decamps (1803-1860)

 

"Bertrand et Raton", par A; Gabriel Decamps (1803-1860)

 

 

Les représentations de l'écrivain sont nombreuses, jusque dans l'escalier montant au 1er étage

 

Statue de Gabriel-Bernard Seurre-19è siècle - plâtre 

 

Les écrits de La Fontaine ont été largement traduits - les fables surtout. L'universalité de ses textes n'est plus à démontrer.

 

Traduction en anglais                                         Traduction en arabe

 

Peintures, sculptures, porcelaines, céramiques, tous les supports ont été utilisés pour transmettre, via les fables, les messages pédagogiques du fabuliste. Le musée propose aux enfants un parcours ludique leur permettant de s'imprégner de l'oeuvre du fabuliste. Deux tableaux de Jean-Baptiste Oudry datés de 1721 illustrent "Le loup devenu berger" et "Les loups et les brebis"

 

 

 

Poêle en faïence de Sarreguemines

 

Mais c'est dans le cabinet de travail de La Fontaine que l'on pénètre avec émotion et curiosité dans ce qui fut le cadre de sa création, au moins pendant ses années à Château-Thierry, : une petite pièce longtemps fermée au public, occupée par son bureau, deux  fauteuils, un bahut, une cheminée...C'est là qu'il lisait, écrivait et recevait ses administrés en sa qualité de Maître des eaux et forêts, une charge qu'il avait achetée en 1652.

 


  La visite de cette maison-musée donne une folle envie de se replonger dans les célèbres fables mais aussi de découvrir les autres aspects de l'oeuvre immense laissée par l'écrivain.

C'est à Madame de Montespan que La Fontaine dédie le deuxième recueil des "Fables"; d'autres favorites du roi auront droit, elles aussi, à leurs dédicaces et La Fontaine se présente à l'Académie où il est reçu le 2 mai 1684, dans le fauteuil - ironie du sort - de Colbert, ennemi juré de Fouquet..

1693, le poète est malade. Il renie ses "Contes licencieux" mais fait paraître l'année suivante le dernier livre des "Fables".

Il meurt à Paris le 13 avril 1695. D'abord enterré au cimetière des Innocents, il repose aujourd'hui à celui du Père Lachaise, aux côtés d'un autre écrivain célèbre : Molière.

 

Musée Jean de La Fontaine

12 rue Jean de La Fontaine

02400 Château-Thierry

T. 03 23 69 05 60

Ouvert tous les jours sauf le lundi, de 9h30 à 12h00 et de 14h00 à 17h30

Site : www.musee-jean-de-la-fontaine.fr

 

Scriptorial d'Avranches (Manche) pour l'exposition : www.scriptorial.fr

Créé le : 22/09/2011 - Mise à jour : 03/10/2011
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