Cinq bonnes raisons de (re) découvrir Beauvais

A soixante dix huit kilomètres de Paris, la cité picarde est réputée pour sa qualité de vie, avec ses collines bocagères, ses trois cours d'eau, ses beaux jardins. Ville d'art et d'histoire, un label obtenu en 2012, elle mérite amplement le détour. Dans des lieux emblématiques se succèdent expositions à succès et spectacles vivants: le dialogue entre patrimoine et art contemporain y est constant.


Visite avec Marianne Lohse

Photos : François Bouchet © (sauf mention particulière)

 

 




1-La Cathédrale Saint-Pierre


Parties en fumée, la plupart des maisons à pans de bois de l'ère médiévale. Comme par miracle, la cathédrale, elle, a survécu aux terribles bombardements de l'aviation allemande, en juin 1940. Chef d'œuvre absolu de l'architecture gothique, elle domine toujours de sa voûte culminant à 48 mètres, les toits de la ville neuve. Il faut, en fait, parler de deux cathédrales: la Basse-Oeuvre, édifiée autour de l'An Mil, rare témoin de l'époque carolingienne dont ne subsiste que la partie occidentale, le chœur et le transept ayant été détruits au XIIIème siècle pour laisser la place à la cathédrale gothique, la Haute-Œuvre.

 

 

 

Ce chantier, voulu par l'évêque- comte Milon de Nanteuil, débute en 1225. La Haute-Oeuvre aurait du être la plus haute de toute la chrétienté. Mais cette folle ambition est freinée en 1284 avec l'effondrement des voûtes et des travées droites alors que le chœur est achevé. Une fois le transept terminé, voici que s'élance, en 1569, sur une tour-lanterne, une flèche de 110 mètres. Elle s'écroule, quatre ans plus tard, le jour de l'Ascension. La nef ne sera jamais réalisée.

 

 

 

Ne pas hésiter à faire appel aux bénévoles (charmants et érudits) de l'Association Beauvais Cathédrale pour tout savoir de cette «cathédrale de la démesure», de sa campagne de sauvegarde, de ses vitraux, de son retable doré et de son étonnante horloge astronomique composée de 90 000 pièces et de 28 automates, récemment restaurée.

 

 

 

Tel : 03 44 48 11 60. association.beauvais.cathedrale@orange.fr

 

2- La Galerie Nationale de la Tapisserie


A deux pas de la cathédrale. Inaugurée en 1976, elle a été confiée à l'architecte André Hermant, élève et collaborateur d'Auguste Perret. Elle a été reprise par la Ville, au printemps 2013, la Manufacture de la Tapisserie étant, en contrepartie, cédée à l'Etat. Organisée en partenariat avec le Mobilier National, «Plein Champ», une superbe exposition dédiée à l'œuvre tissé de Dom Robert (Guy de Chaunac-Lanzac), moine bénédictin et peintre, a accueilli 11.000 visiteurs. Une rare occasion de voir les cartons originaux, les études d'après nature de ce maître de la tapisserie contemporaine, très inspiré par la flore et la faune et dont la rencontre avec Jean Lurçat, à l'abbaye d'En Calcat, dans le Tarn, fut décisive.

 

 

 

 

L'art de la tapisserie devrait prochainement, avec des expositions régulières, s'inscrire tout naturellement dans la programmation de la Galerie. En attendant, elle a accueilli jusqu'au 10 novembre 2013 le festival photographique Les Automnales. Pour sa dixième édition, le festival faisait la part belle aux œuvres d'une soixantaine d'artistes français et étrangers, avec un focus particulier sur la photographie portugaise.

22 rue Saint-Pierre. Tel : 03 44 15 67 00. www.photautomnales.fr

 

3-La Manufacture Nationale de la Tapisserie


Sur la rive droite de la rivière Thérain, une vingtaine de lissiers perpétuent dans d'anciens abattoirs du XIXème siècle transformés en ateliers, les techniques de la basse lisse (sur des métiers verticaux). La Manufacture, depuis Colbert - les bombardements ont dévasté le site occupé dés 1664 - a fait rayonner l'art de la tapisserie et le nom de Beauvais dans le monde entier. Les cartons des plus grands artistes, Dufy, Lurçat et plus récemment Agam, Alechensky ou Bioulès, s'y transforment en fils de laine.

 

 

Deux ans, cinq ans, à travailler à deux sur un tissage: ici, le temps ne compte pas. C'est le Mobilier National auquel la Manufacture est rattachée qui décide de la mise sur métier d'une tapisserie, le plus souvent sans destination précise. Mais la plupart de ces pièces orneront les murs des lieux de pouvoir. Visite lors des Journées du Patrimoine ou en groupe de vingt personnes minimum.

24 rue Henri Brispot. Tel : 03 44 02 55 59 www.mobiliernational.culture.gouv.fr


4-La Maladrerie Saint-Lazare


Un des rares exemples d'architecture hospitalière médiévale subsistant en France. Acquise par la ville de Beauvais en 2002, la Maladrerie poursuit un ambitieux programme de réhabilitation. Quantité d'expositions, de spectacles, d'événements s'y succèdent. Implantée en périphérie au tournant des XIème et XIIème siècles pour accueillir les lépreux qui y vivaient coupés du monde, c'est un ensemble remarquable par la richesse de son bâti.

 

 

Sur trois hectares entièrement clos, une grange à l'exceptionnelle charpente, une bergerie, une maison de fermier, un logis qui abritait la communauté des religieux, une chapelle. Au sud, il ne reste rien ou presque des loges des malades (les pestiférés succéderont aux lépreux) accolées au mur d'enceinte. A l'arrière de la bergerie, un jardin d'inspiration médiévale atténue ce que le souvenir de ces exclus pourrait avoir d'oppressant. On flânera avec bonheur dans le carré des petits fruits et des vignes ou dans l'odorant carré des simples.

203 rue de Paris. Tel: 03 44 15 67 62. www.maladrerie.fr


5- Une programmation éblouissante


Galerie nationale de la Tapisserie. Du 7 décembre 2013 au 23 mars 2014, «Tapisseries de papier», une exposition en partenariat avec le département des papiers peints des Arts Décoratifs de Paris. Et du 6 mai 2014 au 18 août 2014, «350 ans: Portrait d'une Manufacture», en partenariat avec le Mobilier National.

 

 

Parvis de la Cathédrale Saint-Pierre. Du 13 au 31 décembre 2013, « la Cathédrale infinie». A l'occasion des fêtes de fin d'année, un spectacle de Skertzo explorant l'histoire de la cathédrale et de la ville en lumières, musiques et symboles numérisés. A partir du 13 juin 2014 et jusqu'en septembre 2014, ce spectacle se prolongera sur la façade de la Galerie de la Tapisserie, en hommage à une longue tradition de tissage.


 

Pratique


Se loger.

Château d'Auteuil. Entouré de haras et de forêts, un château familial de briques roses presque entièrement reconstruit au XIXème siècle. On aime la déco, élégante et lumineuse. Trois belles chambres et une suite. Idéal pour visiter Beauvais et ses environs. A partit de 119€.Route de Noailles, 60390 Berneuil en Bray. Tel : 06 98 95 51 05
 

Se restaurer. Autrement. A Beauvais, dans le quartier de Voisinlieu. La virtuosité du chef Eric Minart ne s'affiche jamais. Epatant ris de veau en petite brioche. Le baba au limoncello flirte avec la perfection. Carte à 40€.128 rue de Paris. Tel : 03 44 02 61 60
 

Pour en savoir plus: www.beauvaistourisme.fr
 

 

Créé le : 24/10/2013 - Mise à jour : 19/11/2013
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