"Esclavage. Mémoires normandes" au Havre et à Honfleur

Vous avez jusqu'au 10 novembre 2023 pour découvrir les expositions du Havre et celle d'Honfleur. Depuis le 10 mai, date symbolique de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leur abolition, l'exposition "Esclavage. Mémoires normandes" présente pour la première fois - simultanément au Havre, à Honfleur et Rouen - une histoire commune et un premier état de la connaissance scientifique sur l'implication des Normands et du territoire de la Normandie dans la traite atlantique et l'esclavage entre 1750 et 1848. Outre ses intentions scientifiques, historiques et culturelles, cette initiative conjointe relève de nombreux autres enjeux, tant sociétaux que pédagogiques. 

 

 

 

Tout a commencé en plein confinement, au printemps 2020. L'idée d'organiser une exposition qui relierait les villes du Havre, de Honfleur et de Rouen a germé. Le thème ? Leur histoire commune liée à leur implication dans la traite appelée désormais "traite atlantique" et l'esclavage. Trois ans plus tard, après un long travail de recherches scientifiques et de sélections d'objets et d'archives liés à cette histoire, les expositions étaient sur pied.

 

 

Nous étions allés découvrir l'exposition de Rouen (qui s'est terminée mi-septembre). Celles du Havre et d'Honfleur restent ouvertes jusqu'au 10 novembre 2023. 

 

Depuis le XVIe siècle, Rouen est une ville maritime importante, qui s'inscrit dans une démarche transatlantique. Tabac, sucre, cacao, café, coton... Ces matériaux issus du commerce triangulaire en font la renommée et participent activement au développement économique de la ville. Derrière cette expansion, il y a des hommes, des femmes et des enfants enlevés en Afrique et ramenés de force en Europe pour travailler en tant qu'esclaves. Cette exposition retrace ce lourd passé, à travers des objets tels que des tableaux ou des livres.

 

Lors de ma visite, j'ai découvert la généalogie d'Emmanuelle Gall et de son aïeule Eulalie, esclave. Un véritable travail de mémoire, une quête de ses ancêtres.

L'invitation à des artistes contemporains (photographes, sculpteurs, plasticiens, etc.) qui portent leur regard sur cette histoire sombre témoigne de la permanence de ses traces et du besoin de les analyser et documenter. L'originalité de la thématique est d'être déployée sur trois sites géographiquement distincts, dans les musées de trois collectivités normandes associées. 

 

 

 

Anonyme, Étude pour un portrait de serviteur, XVIIIe siècle, dessin à l'encre sur papier calque ou huilé
Le Havre, MAH - Maison de l'armateur, don Didier Thiery, 2014.3.1

©Image_F.Dugué_F.Carnuccini

(exposition Le Havre)

 

 

Plutôt tournée sur le développement économique du commerce triangulaire à Notre-Dame-de-Bondeville, l'exposition se poursuit à l'hôtel Dubocage de Bléville au Havre (là, les individus sont mis en avant) puis au musée Eugène Boudin d'Honfleur pour l'angle maritime.

 

Le Havre aborde le sujet des hommes, femmes, enfants, impliqués ou entraînés dans ce système économique fondé sur l'exploitation de l'être humain. Personnes mises en esclavage, producteurs, négociants, consommateurs, militants pour ou contre les abolitions, réunis autour de quelques figures havraises particulières, raconteront les motivations, les enjeux, les mécanismes et les conséquences humaines de la traite atlantique.

 

 Le Phénix, capitaine Jacques Lacoudrais, encre brume, aquarelle, gomme arabique et papier vergé, 56,5 X 51,3 cm

Honfleur, musée de la Marine,  © Illustria

(exposition Honfleur)

 

Honfleur envisage prioritairement la question de la traite sous l'angle maritime, en apportant un éclairage particulier sur le déroulement des différentes étapes de la navigation et la question formelle du navire de traite.

 

 

Traité de la couleur de la peau humaine en général, de celle des nègres en particulier, par M Le Cat

Amsterdam 1765

(exposition Rouen, photo Claire Vuillemin)

 

 

L'exposition de Rouen s'intéressait plus spécifiquement à l'impact du commerce triangulaire sur le développement économique du territoire. De l'importation de matières premières devenues courantes comme le sucre ou le café, en passant par la transformation du coton à la veille de la révolution industrielle, les Normands ont vu leur quotidien modifié par cette circulation à grande échelle. Un changement de réalité et de perceptions qui les a amenés à se positionner dans le débat des abolitions, aujourd'hui mis en perspective sous le regard d'artistes contemporains.

 

Émigrette abolitionniste, France, fin XVIIIe - début XIXe siècle, bois d'ébène

Musée Le Secq des Tournelles - RMM, Inv. LS.2001.1.27

© Réunion des musées métropolitains - Rouen

 

En s'associant, Le Havre, Honfleur et Rouen témoignent de la capacité de leurs institutions culturelles à se réinventer, dans une démarche de cohésion régionale, dans le but de défendre, valoriser et soutenir un travail de pédagogie et de mémoire, (re)donnant au sujet sa juste place dans l'histoire nationale et internationale.

 

(exposition Rouen, photos Claire Vuillemin)

 

L'exposition Esclavage, mémoires normandes, qui a reçu le label " Exposition d'intérêt national " du ministère de la Culture, est accompagnée, avec l'apport de chaque collectivité impliquée, d'une riche programmation pédagogique et culturelle proposée à tous les publics.

 

Plus d'infos :

 

Hôtel Dubocage de Bléville 

1 Rue Jérôme Bellarmato, 76600 Le Havre

www.musees-mah-lehavre.fr/expositions/esclavage-memoires-normandes

 

A Honfleur

Musée Eugène-Boudin 

Rue de l'Homme de Bois, 14600 Honfleur

www.musees-honfleur.fr/visite-du-musee.html

 

memoire-esclavage.org/exposition-esclavage-memoires-normandes

Créé le : 17/06/2023 - Mise à jour : 30/10/2023
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