Escapade aux Andelys (Eure) avec Richard Coeur de Lion et Nicolas Poussin et la 2ème Foire à tout de France

Petite ville des bords de Seine, dans une vallée du Vexin normand traversée par une minuscule rivière, le Gambon, Les Andelys offre au touriste de passage des sites remarquables et une douceur de vivre propice à la détente "culturelle".

Le lieu a une Histoire mouvementée dont il reste des traces intéressantes : Château Gaillard, la forteresse de Richard Coeur-de-lion, la Collégiale Notre Dame où se mélent style Renaissance et Gothique flamboyant avec une série de vitraux du XVIème siècle, l'église Saint Sauveur en bord de Seine dans le village voulu par le Roi Richard pour loger les bâtisseurs de sa forteresse, le musée Nicolas Poussin (né près des Andelys)...

Les falaises blanches qui bordent le fleuve offrent au peintre, au photographe, au randonneur, matière à s'extasier et à s'informer sur leur origine. Le port, en cours de réhabilitation, va retrouver ses plaisanciers dans un cadre naturel qui mériterait d'être classé par l'Unesco tant il est élégant...

 

 

Texte et photos : Guy Riboreau ©

Moins de 10 000 habitants, une économie locale rendue difficile par les effets de la crise, une industrie verrière toujours active (Holophane, premier fabricant mondial de lentilles de phares automobiles), des commerces de proximité cernés, comme ailleurs, par les grandes surfaces, Les Andelys s'efforcent d'accueillir le touriste de passage avec coeur pour lui faire découvrir son patrimoine. Les Associations locales s'y emploient : Amis des Sites Andelysiens, Amis des Eglises, Amis des orgues, etc.

 

 

 

Petite histoire

La ville est fort ancienne : des vestiges gaulois (tribu des Véliocasses), romains et gallo-romains sont encore présents ici et là (méritant d'ailleurs une mise en valeur), ville double : le Grand et le Petit Andely autrefois séparés par un marécage.  Village d'agriculteurs pour "le grand", de pêcheurs pour le "petit". L'avenue de la République les réunit désormais.

 

Les rois mérovingiens y séjournèrent et Clotilde, femme de Clovis, y construisit une abbaye en 511 pour éduquer les filles.  Elles fut détruite par les Vikings mais les paroissiens du cru firent bâtir la Collégiale Notre Dame à sa place au XIIIème siècle.

Clotilde a encore en ville une fontaine qui porte son nom.  La légende dit qu'elle fit changer en vin l'eau de la fontaine pour remercier les ouvriers qui construisaient son monastère.  Avouons qu'un tel miracle vaut bien à lui seul un titre de sainte !

 

Le Xème siècle voit la ville se développer, carrefour d'échanges entre le Royaume Franc de Louis VI et la Normandie, possession anglaise d'Henri Ier.  Mais aussi, objet de litiges qui vont s'accentuant entre Louis VII et Henri II  Plantagenêt,  puis entre Philippe-Auguste et Richard Coeur de Lion.

En 1196, ce dernier décide la construction d'une forteresse pour contrôler la région et la navigation sur la Seine. Il choisit une belle falaise de craie qui domine les boucles du fleuve, fait venir 3000 ouvriers, architectes, sculpteurs qu'il installe à "La coulture" qui deviendra le "Petit Andeli".  En un an, Château Gaillard domine la falaise et une chaîne barre l'accès de la Seine aux bateaux.

 

 

Philippe Auguste n'est pas content.  Richard était son ami, ils avaient fait une croisade ensemble. On dit même (une légende sans doute...) qu'ils dormaient autrefois dans le même lit !

Le roi de France en août 1203 mobilise ses troupes, leur fait traverser l'Epte qui constituait la frontière avec la Normandie, ils contournent Château Gaillard, prennent Gisors puis Radepont et reviennent vers Vernon que Philippe Auguste contrôle.  Ses troupes repartent vers Le Vaudreuil et se fixent sur les rives de la Seine non loin des Andelys, à Bernières

Le siège commence. Entretemps, Richard est mort en combattant dans le Limousin et seul le Connétable de Chester, Roger de Lascy, est à la tête de la forteresse avec 180 soldats.

Les habitants du Petit Andeli s'y réfugient. Grave erreur car en ce rude hiver 1203, le siège par les troupes françaises provoque une pénurie de vivres à Château Gaillard.  Les "civils" en sont expulsés et beaucoup mourront de faim et de froid sur les pentes de la falaise empêchés de redescendre par les soldats français...

Au printemps 1204, d'autres troupes françaises sont massées sur le plateau à l'est de Château Gaillard qui se retrouve ainsi pris en tenaille. Quatre soldats de Philippe Auguste réussissent à se faufiler dans le château, en ouvrent une porte.  Les Français  s'engouffrent dans la forteresse.  Les combats sont sanglants.  Le 6 mars 1204, le Connétable de Lascy se rend. Château Gaillard est devenu français.

 

 

La forteresse connaitra d'autres sièges, d'autres fonctions (prison, notamment) au fil des siècles.  Ses murailles se sont partiellement écroulées.  Des travaux de consolidation sont entrepris régulièrement.  Elle a de beaux restes : le donjon et son enceinte (qui se visitent), les vestiges de la deuxième et de la troisième enceinte. Le site est grandiose et pour peu que le soleil dissipe les brumes du fleuve, la vue sur la Seine et les falaises est superbe.

 

Depuis Château Gaillard, un petit matin d'automne, vue du Petit Andely  avec Saint Sauveur au centre  et l'ile où le roi Richard s'était fait construire une résidence

 

Collégiale Notre Dame et église Saint  Sauveur

 

Si Château Gaillard est le monument "phare" des Andelys, d'autres centres d'intérêt méritent le détour. Ses deux églises sont très intéressantes.

 

Notre Dame, d'abord.  Construite du 13ème au 17ème siècle, la Collégiale est un bel exemple de gothique normand influencé par la Renaissance. Façade à deux tours  du XIIIème à l'ouest, avec trois porches sculptés, celui du centre surmonté d'une superbe rosace, chœur presque rectangulaire, deux portails latéraux différents - flamboyant côté jardin, Renaissance côté nord.

 

 

 

On remarque immédiatement les vitraux : ceux du chœur de Pierre Gaudin (1957) mais surtout ceux des 20 verrières qui datent du 16ème siècle (réalisés entre 1540 et 1560). Ils nous content la Création du monde, le Déluge, la traversée de la Mer Rouge, le sacrifice d'Abraham et la vie de Moïse, celle des Saints, dont Sainte Clotilde (verrières 2 et 4).

 

 

 La vie de Sainte Clotilde

 

 

Du chœur, on admire le buffet d'orgue datant de 1573. Les chapelles latérales recèlent quelques trésors comme celle du Saint Sépulcre avec sa Mise au tombeau de Jésus Christ (16ème siècle, provenant de la Chartreuse de Gaillon).

 

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On y voit également d'intéressantes pierres tombales et trois toiles de Quentin Varin, le maitre de Nicolas Poussin, datant de 1612. La Collégiale possède également deux toiles de Jacques Stella (1596-1657) : "Jésus et les docteurs de la Loi" (peut-être une copie) et "Jésus retrouvé au Temple" qui vient d'être superbement restaurée par Eric Beaumont et accrochée à nouveau aux murs de l'église.

 

 

 

 

 

 

Saint Sauveur, au Petit Andely, est plus modeste mais tout aussi intéressante.  Contemporaine de Château Gaillard puisque édifiée en 1202, elle est de style gothique et elle possède, elle aussi, de beaux vitraux, des sculptures anciennes et un orgue en état de fonctionnement qui permet l'organisation de concerts.

 

 

 

Saint Sauveur est située sur une jolie place bordée de tilleuls et de maisons anciennes avec une fontaine et le buste d'un andelysien célèbre : Jean-Pierre Blanchard, premier homme à avoir traversé la Manche en ballon, en janvier 1785.

 

    

 

 Autres curiosités et lieux d'intérêt

A partir de la place Saint  Sauveur, le promeneur dirigera ses pas vers le quai de la Seine.  La vue en contre-plongée sur Château Gaillard est fort belle.  Des cinéastes (chinois notamment) s'en sont servi pour des tournages.

 

 

En aval, la vue porte sur les falaises de craie et un hôpital du 18ème au dôme impressionnant (Hôpital Saint Jacques). Une ile sur le fleuve abritait autrefois un petit château, résidence de Richard Coeur de Lion qui pouvait ainsi surveiller les travaux de sa forteresse.

 

 

En retournant vers le centre des Andelys, le visiteur pourra s'arrêter au Musée Normandie-Niemen. Un andelysien, Marcel Lefèvre, en fut l'un des héros.  Deux avions de chasse à l'extérieur du musée rappellent cette période de la Seconde Guerre Mondiale où une escadrille française avait été engagée aux côtés des russes sur le front de l'Est pour combattre les nazis.

Dans le centre ville (passé au lance-flammes par les nazis, bombardé et reconstruit), le petit Musée Nicolas Poussin possède une toile du grand maître classique né en 1594 au hameau de Villers, proche des Andelys. Le musée est installé dans une jolie maison du XVIIIème ayant échappée aux lance-flammes.  On peut y voir "Coriolan supplié par les siens", un tableau peint par Poussin vers 1652 et diverses toiles du XIX  et XXèmes siècles, des meubles du XVIIIe siècle, une mosaïque gallo-romaine du IIIe siècle et divers objets trouvés lors de fouilles dans la région.

A voir également la rue des Remparts et un curieux beffroi dont l'origine est incertaine.

 

 Pour le chineur, notons qu'une Foire à tout (la 2ème de France après Lille) a lieu tous les ans à la mi-septembre. 

En 2011, les dates retenues sont les 10 et 11 septembre. C'est la 46ème édition !

 

Où dormir, où se restaurer ?

Hôtel-restaurant de la Chaîne d'or (***), place Saint Sauveur, 25 rue Grande, 09 64 49 63 80

Hôtel des Andelys (**), 8-10 rue Clémenceau, 02 32 54 10 41

Hôtel de Paris-restaurant Le Castellet (**) 10 avenue de la République, 02 32 54 00 33

Chambre d'hôtes :

Villa Aliénor, 1 rue Grande (Petit Andely), T. 02 32 54 90 13, P. 06 84 07 54 66; site : hhtp://villa-alienor.fr

Restaurant Le Mistral, 26 rue Grande, 02 32 54 09 00

Restaurant Le Punjab (Indien), 44 rue Marcel Lefèvre, 02 32 54 32 00

Restaurant La Couscoussière (berbère) 8 rue Tour, 02 32 21 92 10

 

Sites à consulter :

Ville des Andelys : www.ville-andelys.fr / Office du Tourisme : www.office-tourisme.ville-andelys.fr

Association des Amis des sites andelysiens : www.sitesandelysiens.fr

 

Livres sur Château Gaillard

"Château Gaillard" par Marie Magdelaine Azard, Editions Pays et Terroirs, Cholet (2006)

Pour les jeunes : Château Gaillard et Richard Coeur de Lion, Normandie Junior Editions à Rouen (http://www.lapetiteboite-edition.fr/default.asp)

 

 

 

 

 

Créé le : 04/09/2010 - Mise à jour : 05/06/2014
Sylvain Kerspern | 08.09.2010 - 09:05
Le Stella est vraiment incroyable...

L'autre tableau est une copie d'après l'un des Sept sacrements, celui de l'Eucharistie, dans la série peinte pour Chantelou (qui doit être en Angleterre, de mémoire), peinte par l'enfant du pays.
Yohann Legrand | 06.09.2010 - 12:38
Bravo !!!!
Le site à bien évolué. C'est devenu très sympa à consulter.
J'ai reçu le lien via une alerte Google que j'ai mis en place.
J'ai donc consulté la page sur les Andelys qui est claire et bien documentée.
Sylvain Kerspern | 06.09.2010 - 08:07
Bonjour,
Les Andelys ont en effet de beaux restes, et c'est un site splendide depuis la forteresse.
Une précision : que je sache il n'y a qu'un seul tableau de Jacques Stella, qui provient du Noviciat des Jésuites de Paris, les deux titres que vous proposez pouvant se confondre en un seul (Le Christ retrouvé par ses parents dans le Temple disputant avec les docteurs).
Cordialement,
Sylvain Kerspern
http://www.dhistoire-et-dart.com/Stella.html
francois bonnet | 05.09.2010 - 18:37
well done
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