Escapade à Trouville plus séduisante que jamais

Le Pont des Belges sépare Trouville de Deauville : 70 mètres lancés au dessus d'une rivière, la Touques qu'un bac permet aussi de franchir. D'un côté une villégiature familiale au chic discret, de l'autre, une station flamboyante sortie de marécages asséchés par le demi-frère de Napoléon III, le duc de Morny. Autrefois, ces voisines ont rivalisé. Fini tout ça. Les Normands vous assureront que les deux villes sont avant tout complémentaires...

 

Balade avec Marianne Lohse.©

 

Il y a trois ans,  la réouverture du centre de thalassothérapie, les Cures Marines, luxueux cocon rattaché à un hôtel cinq étoiles et logé dans l'aile droite du Casino de Trouville  a encore boosté  la station balnéaire normande. " Une vraie résurrection, un retour cohérent sur le passé ancré dans l'identité de la ville" affirment les Trouvillais. Flânez sur la Promenade des Planches, arpentez rues et ruelles,  grimpez sur les hauteurs de la ville et vous  découvrirez  villas surprenantes, passages étroits et maisons de pêcheurs,  un véritable musée à ciel ouvert.

En 1825, le peintre Charles Mozin  tombe sous le charme d'un petit village de la Côte Fleurie et plante  son chevalet sur une longue plage de sable fin. Isabey, Corot, Boudin seront eux aussi séduits par la splendeur de la lumière. Quelques années plus tard, un adolescent, Gustave Flaubert, ramasse sur la plage la cape d'Elisa  Schlesinger, de dix ans son aînée. Il en tombe éperdument amoureux. Une passion platonique qui lui inspirera le personnage de Mme Arnoux, dans " L'éducation sentimentale".Trouville devient vite furieusement tendance.

 

Statue de Gustave Flaubert

 

Aristocrates et riches industriels affluent vers la Reine des Plages. On vient de Paris en train, à partir de 1863 mais aussi du Havre, grâce à la ligne de vapeurs. Pour recevoir la lame (la vague) les messieurs portent des maillots à bretelles, les dames des tuniques gansées. Des cordages délimitent les zones de baignade où l'on veille au respect des bonnes mœurs. On pénètre dans l'eau à bord de cabines roulantes. La Manche a dit-on de formidables vertus thérapeutiques. On prescrit même de s'y tremper pour éviter la rage !

 

 

Jugé vulgaire, le bronzage est proscrit. Tout ce beau monde se retrouve sur les Planches. La Promenade, 925 mètres en lattes de bois d'azobé a été inaugurée en 1867. On change de tenue jusqu'à six fois par jour. Concerts, bals et galas se succèdent. Au Casino-Salon, on joue au billard, aux cartes. Des demeures extravagantes ont surgi sur le front de mer.

 

 

 

Ici une villa persane pour la princesse de Sagan, là un castel néo-Louis XIII pour la marquise de Montebello, plus loin, une tour médiévale pour Charles Mozin. " La mode est alors aux voyages d'où cet éclectisme architectural "   rappelle Karl Laurent, directeur du musée Villa Montebello dédié à l'art et à l'histoire balnéaires. D'imposants palaces se construisent. L'hôtel des Roches Noires est l'un des plus modernes. Marcel Proust y séjourne fréquemment. La vie mondaine trouvillaise nourrira "A la Recherche du temps perdu".Rénové en 1924 par Mallet-Stevens, l'hôtel deviendra une copropriété. Marguerite Duras y acquiert un appartement. Elle y résidera tous les étés jusqu'à sa disparition.

 

En 1912, c'en est fini de l'âge d'or. La faute au vindicatif Eugène Cornuché. Cet ancien garçon de café qui a lancé à Paris le restaurant Maxim's exploite à Trouville le Casino-Salon jugé dépassé. Une dispute avec les élus pousse Cornuché, furieux, à franchir la Touques. Depuis la mort de Morny Deauville somnole. La ville a même accepté que contre un tiers des redevances du Casino-Salon de Trouville, les jeux d'argent y soient interdits. Cornuché va briser ce monopole en construisant, pour Deauville, un casino pharaonique.

 

 

Bientôt, de chaque côté de la rivière, c'est à qui réalisera l'établissement le plus fastueux. Les deux casinos sont inaugurés en 1912, à une semaine d'intervalle. Trouville perd la mise. Il faudra attendre les années trente pour que, avec le maire Fernand Moureaux, elle remonte la pente. Moureaux la modernise, lui offrant notamment une piscine olympique. Il  joue à fond le style néo-normand. La Poissonnerie, l'hôtel Flaubert: autant d'exemples de ce style qui fait la part belle au régionalisme.

Aujourd'hui, Trouville cultive sa différence: celle d'une villégiature au patrimoine préservé qui est aussi depuis toujours un port de pêche actif. Une vingtaine de chalutiers y approvisionnent les neuf étals de la Halle débarquant chaque jour coquilles St-Jacques, soles, crevettes et maquereaux (Trouville est le premier port de la Baie de Seine pour la pêche au maquereau). A ne pas rater: un déjeuner de fruits de mer dans l'un de ces étals. Notre préféré: celui de Sébastien Saiter, sixième génération de patrons- pêcheurs et une soupe de poissons façon  Jeannette (son arrière- arrière grand-mère) crée en 1887, inégalable!

Sur la Promenade baptisée Savignac en mémoire de l'affichiste qui se retira ici, la douceur de vivre est toujours au rendez- vous. La population, 5000 habitants, quadruple en été. Familles et sportifs y côtoient des célébrités soucieuses de ne pas se faire remarquer. Plusieurs hôteliers ont profité de la réouverture des Cures pour rénover ou ouvrir à leur tour des hôtels de charme. De nouvelles boutiques ont fleuri rue des Bains et rue Victor Hugo. Les rendez- vous culturels comme le festival des courts métrages Off Courts, le Salon du Livre et les week ends consacrés à Marguerite Duras attirent un public toujours plus nombreux. Trouville, promis, ne tardera pas à recoiffer sa couronne.

 

Marianne Lohse

 

 

 

Office du Tourisme de Trouvlle-sur-Mer 32 Boulevard Fernand Moureaux    Tel : 02 31 14 60 70

www.trouvillesurmer.org

Créé le : 22/05/2019 - Mise à jour : 18/08/2019
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