Escapade à Bruxelles et visite à Isabelle de Borchgrave

Exotique, Bruxelles? Oui mais aussi bouillonnante de créativité, cool, agréable, parce que de taille humaine. Son statut d'enclave francophone en territoire flamand ajoute encore à sa singularité. Q G des eurocrates, la capitale de la Belgique cultive des allures provinciales: rues calmes, maison bourgeoises, charmants jardins. On s'attarde aux terrasses des cafés, on canote sur l'étang du bois de la Cambre, on joue au hockey sur gazon… Un style de vie accessible (les prix de l'immobilier sont bien moins élevés qu'en France) qui va de pair avec la formidable embellie, depuis quelques années, de l'art contemporain, du design, de la mode, de la gastronomie.

 

 

 

 Grand Place

photo : Jon Martin ©

Il y a mille raisons de se rendre à Bruxelles. Découvrir le nouvel Atelier d'Isabelle de Borchgrave en est une. En plein cœur de la capitale, blanc, dépouillé, superbe, cet espace où la plasticienne belge expose ses oeuvres mais aussi celles d'artistes amis (en octobre, ce sera le tour du peintre français Pierre Lesieur) a quelque chose de magique. Un lieu de 1500 m² conçu par l'architecte anversoise Claire Bataille. Le visiteur y est accueilli par de somptueux caftans en papier découpé et peint de couleurs vives, associés à des vases Art déco en papier mâché et à de grands panneaux plissés. Matisse aurait aimé.

 

Atelier, photo : Jean-Pierre Gabriel ©
 

 

Robe à crinoline et robe Elisabeth Ière

Photos : Andreas von Einsiedel ©

 

  Comme dans un rêve, on traverse des coursives, un jardin, pour passer d'un bâtiment à l'autre. Deux longues tables de travail se muent parfois en tables de fête. Une dizaine d'assistants entourent la belle Isabelle.

 

Isabelle de Borchgrave

Photo : Andreas von Einsiedel ©

 

Son nom est le plus souvent lié au papier et à la mode. mais il l'est aussi à l'univers du design... Voilà belle lurette qu'elle décline ses créations pour Gien, Target, Villeroy et Boch, Caspari. Sans jamais cesser de peindre. Entre la jeune femme qui donnait des cours de dessin à des enfants, dans le quartier du Sablon, et l'artiste à laquelle le Musée des Beaux Arts de San Francisco consacre une importante rétrospective, que de chemin parcouru ! Et quel destin pour le plus banal des supports : un simple papier de patronage !

 

Photo : Philippe Leclercq ©

 

Atelier, photo : Jean-Pierre Gabriel ©


 Ici, on taille, on froisse, on teint, on colle, on assemble sur d'arachnéens mannequins de fer, de somptueuses toilettes en trompe-l'oeil qu'on croirait de velours et de soie. D'improbables armoires de carton renferment des collections de chaussures, de bijoux : l'illusion est parfaite. «Avec chaque robe, je capture un moment d'histoire» dit Isabelle qui après avoir évoqué l'univers de Fortuny puis celui des Médicis, rend hommage, sa façon, aux ballets de Diaghilev. En décembre prochain, elle fera revivre à Versailles la salle de bains de la Reine, vide depuis la Révolution. La coiffeuse, les tenues de Marie-Antoinette, de Madame Campan, de la femme de chambre, les perruques, les boîtes à mouches et à poudre semblent n'avoir jamais déserté le château. Sublime.


 


 

Place Royale

Photo : Catherine Dardenne ©

 

Si Bruxelles conserve de beaux restes architecturaux, dans le passé, on y a beaucoup détruit: La «bruxellisation» a laissé bien des cicatrices dans le tissu urbain. Aujourd'hui, rénovations et reconversions sont, souvent, réussies. Rebaptisé Bozar, le Palais des Beaux Arts, conçu par Victor Horta et inauguré en 1928, a pris un coup de jeune. Comme l'Atomium, structure iconique aux neuf sphères, haute de 102 mètres, imaginée par André Waterkeyn pour l'Expo de 1958.

 

 

Les Bruxellois sont très fiers, à juste titre, de leur Flagey, une ancienne maison de la radio, l'une des premières au monde, chef d'œuvre en péril de l'architecte Joseph Diongre devenu un « lieu de fête et de joie». Et du Wiels, un centre d'art contemporain, aménagé dans les locaux du brasseur Wielmans-Ceuppens. Bruxelles qui regroupe dix neuf communes est une ville-patchwork où se succèdent des quartiers contrastés, à forte identité.

On y parle le français, le flamand, l'anglais, le brusseleir (patois). Les communautés grecque, turque ou zaïroise s'y épanouissent. Modestes échoppes, concept- stores et boutiques avant-gardistes y pullulent, parfois à touche-touche. Les fashionistas prendront le chemin du quartier de Saint-Géry né dans un méandre de la Senne.

 

 

Halles de St Géry

Photo : Olivier van de Kerchove ©

 

Plusieurs estaminets y portent des noms d'oiseaux. L'incontournable rue Antoine- Dansaert et ses rues adjacentes, Chartreux, Flandre autrefois mal famées sont devenues ultra- branchées. Ne pas y rater la boutique pionnière, Stijl : on y trouve les créations de Sophie d'Hoore, Xavier Delcour ou Ann Demeulemmester. D'autres noms sont sur toutes les lèvres : Annemie Verbeke, Marina Yee, Christa Reniers dont les bijoux glamour font fureur. A quelques encablures, non loin de la Place Sainte Catherine, on découvrira, rue de Flandre, la Maison de la Bellone, une demeure du XVIIème siècle, de style italo-flamand dont la cour, au cadre enchanteur, s'orne d'un buste de la déesse romaine de la guerre.

 

 

 

Bruxelles ne serait pas Bruxelles sans son attachante place des Marolles et ses mythiques puces quotidiennes où tôt, le matin, le «brol» (foutoir) est indescriptible.

 

 

Nettement plus chic, le Grand Sablon mérite amplement le détour avec ses antiquaires (chaque week-end, ils investissent la place aux tentes rouges et vertes), ses galeries et ses pâtissiers- chocolatiers réputés, tel l' indétrônable Wittamer ou Pierre Marcolini.

 

 

Entre ville basse et ville haute, les allées du Mont des Arts mènent à la Place Royale et à ses prestigieux musées dont l'époustouflant Musée Magritte, ouvert en 2009. On visitera volontiers, rue Montagne de la Cour, le Musée des Instruments de Musique, installé dans le superbe bâtiment Art Nouveau des magasins Old England édifié en 1899. 1200 instruments venus des quatre coins de la planète et au sommet, un café en terrasse : la ville s'y offre, en cinémascope.

 

 

Le Musée des Instruments de Musique (MIM)-Old England
Photo : Marcel Vanhulst  ©

 

L'avenue Louise, l'avenue de la Toison d'or, concentrent les grandes marques du luxe. Dans ce même périmètre huppé d'Ixelles, flâner rue du Bailli ou Place du Châtelain. Sans oublier le Musée Horta et la balade Art Nouveau avec sa profusion d'oriels, de fer forgé, de sgraffites.

 

Immeuble Art nouveau à Ixelles Olivier van de Kerchove © et Vitrail Rue de l'Arbre Bénit - OPT - Evaldre ©

 

 

 Mur peint Astérix et Obélix

Photo : Olivier van de Kerchove ©

 

Métro Stockel - fresque Tintin
Photo : OPT-JPRemy ©

 

 Centre belge de la BD

Photo : Daniel Fouss ©

 

Difficile de quitter la ville sans un saut au Centre belge de la Bande Dessinée, aux Galeries Saint- Hubert et bien sûr à la Grand Place, merveilleusement baroque, foisonnante, bruyante dont Cocteau affirmait qu'elle était le plus beau théâtre du monde.

  

 Les Galeries St-Hubert

Photo : Marcel Vanhulst ©

 

 

 La Grand Place vue de nuit

Photo : Christophe Licoppe ©

 


Marianne Lohse

 


Pratique :

S'informer. :

www.visitbrussels.be et www.tourismebelgique.com


Y aller.

Avec Thalys, le train rouge à grande vitesse qui relie Paris à Bruxelles en 1 heure 22 et 25 liaisons quotidiennes. La rénovation complète des rames récemment achevée combine un nouveau design, le confort de sièges ergonomiques et une restauration renouvelée. A/R à partir de 50 € (tarif Smoove, en Comfort 2) et 118 € (tarif Smoove, en Comfort 1) www.thalys.com


Se loger


Royal Windsor Hotel. A deux pas de la Grand Place, ce très classique cinq étoiles a donné carte blanche à des stylistes de mode pour y aménager une douzaine de chambres. Au catalogue de ces « fashion rooms » : Nina Meert, Marina Yee, Jean- Paul Knott. Résultat : une atmosphère épurée ou très seventies. 5 rue Duquesnoy.

Tel : +32 2505 55 55    www.royalwindsorbrussels.com

Hôtel Bloom. Proche du jardin Botanique, il allie confort et originalité. Accents sixties et meubles scandinaves. Spacieuses, les chambres offrent la surprise de fresques réalisées par les meilleurs élèves d'écoles d'art de 31 pays. 250 rue Royale.

Tel : + 32 2220 66 11    www.hotelbloom.com


A la Grande Cloche. A mi- chemin entre la Grand Place et la gare du Midi, un établissement du siècle dernier, soigneusement rénové. Décoration sans prétention, accueil agréable et prix doux. C'est devant sa façade que Verlaine, dans une crise de jalousie tira sur Rimbaud. 10 Place Rouppe.

Tel : + 32 2 512 61 40    www.hotelgrandecloche.com

 


Bonnes tables :


Elles abondent à Bruxelles ! Parmi nos préférées:

Comme chez soi, 23 Place Rouppe, Tel : 32 2 512 29 21. Bien sûr pour son exceptionnel décor Art Nouveau et son filet de bœuf aux truffes noires. Réserver plusieurs jours à l'avance.

La Paix, 49 rue Ropsy-Chaudron. Tel : 2 523 09 58. Pour son ambiance brasserie (presque) immuable depuis 1892 et son bœuf de Simmenthal mis à sécher trois semaines par le talentueux David Martin qui fut chef de cuisine chez Alain Passard.

Belga Queen, 32 rue du Fossé-aux-Loups. Tel : 2 217 21 87. Pour ses produits du terroir, ses formidables bières belges, son banc d'écailler et la déco très réussie de cette ancienne banque à la façade XVIIème classée, imaginée par le Belgo- Portugais Antoine Pinto qui n'est pas un novice dans la restauration.

Le Chalet de la Forêt, 43 Drève de Lorraine. Tel : 2 374 54 16. Pour son atmosphère bucolique, à Uccle, en lisière de la forêt de Soignes et le bar de ligne rôti de Pascal Devalkeneer, l'un des stars du récent festival Culinaria, rendez- vous culinaire inédit qui rassemblait les 16 chefs belges étoilés les plus en vue du moment.

 



Thalys : un mécène pas comme les autres


Franck Gervais, 34 ans, le nouveau patron de Thalys (il a succédé en mai dernier à Olivier Poitrenaud) ne manque pas de le souligner: «le voyage a toujours été essentiel à la culture». Le train bouleverse l'espace- temps, dessine un axe entre cultures latines et germaniques.

La politique de partenariat culturel de l'entreprise engagée dés 2005, se poursuit. Ambition avouée : faire découvrir la richesse de ses 15 destinations. En 2011, Thalys, premier opérateur ferroviaire à franchir, à grande vitesse, les frontières de quatre pays européens, est le mécène d'une quarantaine d'institutions, d'événements, d'artistes. Du théâtre des Doms, vitrine de la création belge francophone en Avignon à l'Atelier HSL qui a demandé au peintre Madelon Vriesendorp, pour célébrer l'arrivée de la ligne à grande vitesse sur le sol néerlandais, de revisiter une voiture- bar. En passant par le nouvel espace de création bruxellois d'Isabelle de Borchgrave ou le Musée Maillol, à Paris.

 

A lire :

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