Exposition Les Insolites, au Centre national du Costume de Scène à Moulins (Allier) : triomphe de l'illusion pure


Le lieu, d'abord : superbe, immense, tout de grès blond, sur la rive gauche de l'Allier. Désaffectée, la caserne dite Quartier Villars, édifiée au XVIIIème siècle, à Moulins (Allier),  abrite aujourd'hui le Centre National du Costume de Scène(CNCS). Avant de voyager à l'étranger, de Singapour à Sao Paulo, deux expositions temporaires s'y tiennent chaque année avec un succès croissant dû, pour beaucoup, au travail de l'enthousiaste Martine Kahane et de son équipe. En quatre ans, le fonds du CNCS, n'a cessé de s'enrichir. Plus de 9.000 costumes d'opéra, de danse, de théâtre provenant, pour la plupart, de la Bibliothèque Nationale, de la Comédie Française et de l'Opéra de Paris, y sont préservés dans des réserves d'une modernité époustouflante, conçues par l'architecte Jean- Michel Wilmotte. En attendant le lieu de mémoire consacré à Rudolf Noureev (le CNCS a en effet reçu un don important de costumes, documents et objets d'art ayant appartenu au danseur).

 

En 118 pièces, l'exposition «Les Insolites» y présente un univers d'une poésie décalée, d'une beauté extravagante comme parcouru d'une passion électrique. Mixant, sur une scénographie d'Alain Batifoulier et Simon de Tovar époques, styles et matériaux, c'est une invitation à explorer un «ailleurs» théâtral, loin, très loin des habituels velours, brocarts et dentelles.

Le plastique, le lycra, le vinyle, le latex, le plexiglas, le raphia s'y taillent la part belle. Des centaines de clous dorés hérissent un corsage, se muant en somptueux bijoux. D'innocentes tétines de biberon bardent des pourpoints de skaï, tels de meurtriers picots. Des « écailles» réalisées avec des éponges ménagères ornent le collant d'une ondine. On découvre les effets inattendus de la lumière fluo, de la peinture gonflante.

 

 

Robert le diable, Florica Malureanu 

 

 

Pragmatisme et souci d'économie ne sont pas seuls à dicter ces choix. Certes une armure en plastique est plus facile à façonner -et à porter- qu'une armure de métal. «L'essentiel n'est pas là» souligne Noëlle Giret, commissaire de l'exposition «ces matières libèrent l'imagination, offrent aux costumiers et décorateurs une source infinie d'inspiration visant l'illusion pure. Leur vocabulaire artistique qui s'étend du nouveau réalisme à un fantastique puisé dans le cinéma, la science- fiction et la bande dessinée est en continuelle évolution».

 

 

Bacchus et Ariane, Plastique Bernard Dayde

 

 

Voici les hommes-écailles de Léonor FiniTannhauser»,1963) : leurs cuirasses sont faites de lamelles d'hologrammes. Voici les danseurs de «Bacchus et Ariane»(1967) aux yeux dissimulés par Paco Rabanne derrière des lunettes futuristes. Bernard Daydé les a gainés de lurex. Le ballet fit scandale au Palais Garnier. Voici pour «Antigone» (1927) un masque en treillis métallique imaginé par Jean Cocteau. Et pour «Turandot»(1968), une robe chinoise de crin gris vaporisé d'or par Jacques Dupont.

 

 

Le Fantôme de l'Opéra, détail, latex, Franca Squarciapino

 

 

D'autres très grands noms de la scène apparaissent comme ceux de Louis Touchagues, Jean- Denis Malclès, Jean Hugo, Franca Squarciapino. Mais on peut voir aussi les créations plus récentes de Jérôme Kaplan, Thierry Mugler, Philippe Decouflé. ou Nathalie Garçon. Plusieurs de ces costumes pourraient figurer dans un musée d'art contemporain. « Ce n'est ni leur rôle, ni leur fonction » dit encore Noëlle Giret «ils servent l'esprit d'une œuvre et s'élaborent au sein d'un collectif. Mariés aux décors, dans un ensemble structuré par la lumière, ils ont la charge de caractériser un personnage, d'accompagner le corps d'un comédien, d'un danseur ou d'un chanteur».

 


Marianne Lohse 

 


Jusqu'au 15 mai 2011

Quartier Villars, route de Montilly 03000 Moulins. Tel : 04 70 20 76 20

www.cncs.fr

 

Moulins se trouve à 294 Km de Paris, à 56 Km de Nevers, à 101 Km de Bourges, à 98 Km de Roanne

 

 
Moulins mérite amplement la visite pour ses expositions, les nombreux ateliers pédagogiques et spectacles organisés par le CNCS mais aussi pour sa cathédrale, le musée Anne de Beaujeu et la Maison Mantin, une demeure de collectionneur patiemment restaurée et récemment ouverte au public.

 


 

Créé le : 15/02/2011 - Mise à jour : 21/02/2011
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